Pendant ce temps, le reste du groupe réfléchit au meilleur moyen de faire s’écrouler le pont, et accessoirement, décore celui-ci d’un cadavre de dragon, ailes tendues entre les deux tours, en guise d’avertissement à leurs ennemis.
Le mécanisme de destruction est mis en place peu de temps avant le retour de Schrayen, qui a effectivement vu une armée ; le terme n’est pas galvaudé, puisqu’à quelques heures de marche seulement du vieux pont, campent quelques milliers de hobgobelins, accompagnés d’ogres, de géants et même de quelques dragons. Sans compter les créatures qu’il n’a pas pu identifier…
Plus d’hésitation : il faut abattre le pont ! Ensuite, retour au village, pour y faire un rapport sur ce qu’ils ont appris et vu.
Le retour se passe sans encombre. Schrayen, arrivé en premier, fait son rapport au Capitaine Soranne et au Seigneur Guiton. Les mauvaises nouvelles qu’il apporte sont confirmées par ses compagnons dès leur arrivée en ville. C’est pourquoi Norraud Guiton décide de convoquer tout le village pour prendre une décision en commun. Bien sûr, ce n’est pas chose facile, certaines fermes se trouvant à presque deux jours de marche de la ville. Il conseille également au groupe de ne pas ébruiter tout de suite les terribles nouvelles dont ils sont porteurs pour ne pas créer un mouvement de panique. Précaution inutile… La convocation du conseil de village a amplement suffit à établir un climat de crainte.
Chacun s’occupe comme il peut en attendant la réunion. Certains supervisent l’entraînement, ou établissent des défenses basiques, au cas où il faudrait résister. Vagda organise un concours d’épouvantails avant de se consacrer à un projet secret en haut d’une colline jouxtant la ville, projet impliquant une quantité non négligeable de brindilles de bois mort… Les autres profitent de quelques jours de repos, à grand renfort d’alcool.
C’est d’ailleurs au cours d’une nuit bien arrosée, en plein concours d’à-fonds, que des cris résonnent en provenance de la rive Nord… Des pillards gobelins s’en sont pris aux quelques fermes en bordure de ville. Dégrisant de leur mieux, les aventuriers courent en titubant vers le bac, où la milice s’affaire déjà à traverser l’Elsir pour repousser l’ennemi. Sur l’autre rive, plusieurs fermes flambent, et on peut apercevoir deux petits groupes de pillards s’affairant à entasser leur butin. Les aventuriers foncent à la rencontre d’un de ces groupes, la milice se chargeant de l’autre. Le combat est de courte durée. Même ivre mort, notre petit groupe se révèle bien trop fort pour une poignée de gobelins mal organisés et obnubilés par le pillage.
Il n’en reste pas moins que les fermes continuent de brûler… Et qu’au premier étage de l’une d’elles, une pauvre dame, coincée par le feu, appelle à l’aide. Malgré le risque d’explosion lié à l’alcool qu’ils ont ingurgité, les héros se portent à son secours. Parvenant à la faire descendre saine et sauve, bien que prise de terreur elle se débâtît avec ardeur. Et pour cause… Son bébé se trouvait toujours dans la chambre ! Protégé du feu grâce aux bons soins de son druide préféré, Callahan entre dans la ferme en feu, cigare allumé et pas décidé, grimpant hardiment au premier étage et récupérant le bébé avant qu’il ne soit la proie des flammes… Tout est bien qui finit bien pour cette soirée. On ne déplore que cinq fermes brulées, trois morts et une poignée de blessés. De quoi faire réfléchir le lendemain, lorsque les esprits ne seraient plus embrouillés par l’alcool.
Quelques jours plus tard, la réunion du conseil du village a enfin lieu. Les aventuriers tentent de convaincre le village que la meilleure solution est de fuir, pour aller se réfugier à Brindol, qui, bien fortifiée et garnie d’une armée, aura ses chances face à la horde hobgobeline. Si certains villageois partagent leur avis, ce n’est pas le cas de tous.
Certains voudraient rester et faire face, refusant d’abandonner terres et biens à des pillards sans foi ni loi. D’autres proposent de négocier, où de donner aux hobgobelins ce qu’ils veulent pour cette fois, et de se préparer à les recevoir quand ils reviendront. Chacun y va de ses arguments ; les aventuriers savent que toute autre option que la fuite coutera énormément de vies. Vagda a même préparé un diorama représentant le village et la horde…
Après de longues discutions, le conseil suivra finalement l’avis des aventuriers. Le village sera évacué trois jours plus tard, le temps pour chacun de rassembler ce qui peut l’être avant de quitter Brelin. Les jours qui suivent, notre groupe supervise les préparatifs de départ, lesquels seront troublés par deux événements.
Tout d’abord l’attaque d’une chimère, sans doute affamée, piquant vers la place du village et semant la panique. Heureusement, nos vaillants héros ne sont pas loin et repoussent la menace de quelques coups de lames bien placés. Vagda se permet même un petit rodéo en plein ciel qui ne manque pas d’impressionner les badauds.
Ensuite, l’arrivée au village d’une jeune cavalière en armure, une Lionne de Brindol en patrouille, venue annoncer au village que la vieille route de Rhest était tenue par des créatures, et que la voie vers le Nord était coupée de ce côté. En échange de ces informations, elle repartira vers Brindol avec d’autres, tout aussi funestes. La pauvre a à peine eu le temps de prendre un repas avant de remonter en selle…
Après quelques jours, les préparatifs de voyage sont terminés, et les villageois sont prêts à partir.